Argent de Nuage
Livre d’artistes publié en 2016, par les éditions Take5 (Genève).Nouvelle inédite, écrite pour le livre par Gianluigi Ricuperati en italien,
illustrée par 9 photographies originales signées de:
Valérie Belin - James Casebere - Sylvie Fleury
Elisa Sighicelli - Anoush Abrar
et par un motif imprimé de John Armleder
Graphisme réalisé Gina Donzé pour Base Geneva Design
en collaboration avec Céline Fribourg
Chaque boîtier, recouvert de lin, a été peint par John Armleder
Cahier de traduction, comprenant la traduction du texte en anglais
par Starleen K. Meyer, ainsi que des citations philosophiques et littéraires
choisies par les artistes
Toutes les copies sont numérotées et signées par les artistes
Tous les tirages sont également signés
Dimensions: 47 x 27 x 5 cm
Editions de 35 exemplaires
Le livre s’inscrit dans la trilogie consacrée à Eros et Thanatos.
Alors qu’Un Sentiment Empoisonné propose d’envisager la mort avec héroïsme, qu’Eros et Pulsion de Mort dissèque les mécanismes physiologiques de la pulsion, le texte Argent de Nuage, écrit par Gianluigi Ricuperati décrit la manière dont nous naviguons, en tant qu’êtres humains, dans un espace mouvant entre ces deux pôles sulfureux que sont le désir et la mort.
Cette nouvelle, imaginée pour le livre, met en place un tableau sociologique dont la substance évolue au fil des lignes vers un questionnement des valeurs, un examen des consciences des protagonistes. L’auteur créé un huis clos symbolique : Un groupe d’amis se retrouve enfermé dans un petit avion en détresse qui survole la mer Méditerranée. Le fils du propriétaire de cet avion, dans l’impétuosité de sa jeunesse, s’est saisi des commandes au péril de la sécurité de ses passagers. L’avion perd de l’altitude, et survole la mer d’une façon inquiétante. Le temps semble suspendu, immatériel. L’un des passagers, qui est aussi le narrateur, est persuadé que l’avion va s’abîmer dans la mer. Il se remémore une dernière fois ses expériences amoureuses et érotiques, tout en contemplant la vanité de sa vie et sa peur de la mort.
Toutes les photographies choisies pour le livre font référence à cet état inconscient de réminiscence, en rappelant les couleurs et les reflets de la Méditerranée. Face au texte de Gianluigi Ricuperati, elles agissent comme des miroirs mais aussi comme des révélateurs, en utilisant la valeur symbolique des éléments naturels comme l’eau ou l’air. Chacune d’entre elles, que ce soit l’iceberg d’Evangelia Kranioti, témoin d’un périple initiatique à travers les océans, les verreries transparentes et allégoriques d’Elisa Sighicelli, les grottes ésotériques de Sylvie Fleury, les vanités dérisoires de Valérie Belin, les plantes évanescentes de James Casebere ou la base aérienne fantomatique d’Anoush Abrar, évoque l’inconscient, l’organique, le mystère.
Dans le système de correspondance des métaux et des planètes, l’argent est en rapport avec la lune. Il appartient à la chaine symbolique lune-eau-principe féminin. Blanc et lumineux, il est également symbole de pureté. En même temps, sur le plan de l’éthique et de la psychologie, l’argent représente la cupidité et l’attachement aux biens factices de ce monde. Dans le texte Argent de Nuage, le lecteur navigue comme un passager aérien clandestin entre ces deux pôles de l’inconscient et la matérialité, ainsi qu’entre les pôles d’Eros et Thanatos. Il devient le témoin silencieux des désirs des autres passagers, exprimés sous différentes formes.
Comme pour laisser une trace ésotérique, l’auteur a incorporé à son texte des citations du mythique livre le Matin des Magiciens, écrit conjointement par Louis Pauwels et Jacques Bergier.
La maquette du livre croise les influences de la Sécession Viennoise et de la Rome Antique, en mêlant aplats argentés et bandeaux exaltant une typographie droite et forte. Sur les pages de protection des photographies est découpé le motif du sablier, symbole du temps qui s’écoule, réunissant les deux triangles du pubis et la pyramide présents dans les deux autres livres de la trilogie Eros et Thanatos.
John Armleder, qui a supervisé la réalisation de la maquette, n’a pas résisté à la tentation d’orner les larges pages turquoise d’un motif décoratif de méduse, qui renforce cette sensation de dérision face à la vanité de l’existence. L’artiste a peint individuellement chacun des coffrets, dont les coulures organiques multicolores, parfois scintillantes, évoquent les mouvements de la lumière dans les fonds sous-marins.